Les Noces chymiques

À propos de l'alchimie
« Dans les meilleurs cas des allégories hermétiques, l’attention est captée par le caractère inhabituel de la scène représentée, par la difficulté ou l’absurdité de l’entreprise, par un détail aberrant ou incroyable, par un événement dramatique, par un contraste surprenant : ainsi ce roi qu’on a déjà connu transpirant dans une étuve ou étendu solitaire sur un lit à baldaquin et qu’on voit maintenant nageant désespérément, loin de tout rivage, toujours couronne en tête et implorant un secours improbable ; l’homme décidé, s’apprêtant à couper en deux de son glaive, d’un geste théâtral et excessif, un œuf énorme qui se tient miraculeusement en équilibre sur sa pointe ; les quatre sphères superposées au-dessus d’un étang ; la rencontre dans la forêt de la femme nue et du guerrier en armure ; l’hermaphrodite sur le gril et les flammes, l’épaisse fumée qui s’élève autour de son corps déjà en train de se consumer et pourtant encore intact, comme indestructible ; avant tout, le paysage tranquille où le chemin creux, le fleuve, les arbres n’ont rien que d’accueillant et que l’on aperçoit petit à petit, en regardant mieux, parsemés de grosses pierres cubiques, qu’on n’avait pas repérées d’abord, sans doute chues du ciel, d’où certaines, d’ailleurs, sont encore en train de tomber. Le fantastique dans les emblèmes alchimiques demeure entravé mais il n’est pas difficile de retrouver en des œuvres qui n’ont aucun rapport avec la recherche de la pierre philosophale les mêmes ressorts qui assuraient le mystère des images destinées à guider les adeptes. »
 
« Une planche d’un traité d’escrime, une mine de sel, une chambre noire d’avant la photographie, la chasse aux martinets dans une ville italienne vers 1570 ou aux canards sauvages par des Chinois coiffés de demi-courges évidées, il n’est rien qui ne fournisse occasion à ce fantastique masqué de faire une entrée sournoise. »
 

Roger Caillois, Au cœur du fantastique

 
 
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