Visible speech

Note sur Visible Speech

J’ai réalisé en 2006 un second film avec le téléphone, intitulé Visible Speech. Le film monte des extraits de la Lettre sur les aveugles de Diderot et une description du visible speech, technique mise au point en 1867 par Alexander Melville Bell, le père d’Alexander Graham (l’inventeur du téléphone). Ce procédé, une sorte d’alphabet phonétique, permet d’écrire et de lire toutes les langues sans les connaître. La famille Bell était passionnée par l’éducation des sourds. Nombre d’inventions techniques ont accompagné l’histoire de la surdité. N’est-il pas étonnant de voir qu’aujourd’hui le téléphone mobile nourrit des espoirs du côté de la communauté sourde par la possibilité qu’il offre de signer et de visualiser ces signes ? Le dispositif de Visible Speech consiste à donner à lire ces différents textes à des aveugles, c’est-à-dire à des voix de synthèse. Le jeu est poussé jusqu’au non-sens et produit un trouble de la tautologie. Une voix anglaise lit la description du visible speech, puis le texte de Diderot (en français) comme un texte anglais, en conservant son accent. La lecture se révèle rapidement incompréhensible. J’ai tenté dans ce court film d’exacerber le caractère automatique de chaque fonction jusqu’à sa limite. Visible Speech est un métalogue, au sens donné à ce terme par le philosophe américain Gregory Bateson : « une conversation à propos d’un sujet problématique quelconque, dont la structure même reflète les problèmes soulevés ». Amorcé comme un exercice didactique d’inspiration scientifique, le film devient proche du mot d’esprit et du coq-à-l’âne, multipliant les jeux de mots et les facéties, confondant la vue et l’ouïe.

Variations sur le mobile, extrait, Érik Bullot, in Renversements 1, Paris expérimentral, 2010.

 


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